Arthur R. l’élan unique ou le jeu du bras

 

Et une fois que la mère eut fermé le Livre du Devoir

- et la lumière aussi – comme si s’en était fini de tout le jour

Arthur de son bras fit un cerf-volant car il voulait – quelque chose le pressait – il voulait Tout dire, il voulait le faire remarquer au lieu d’étouffer.

En lui-même déjà il disait.

« Qu’elle voit ! Si seulement elle voyait ? »

Il grandissait à chaque mot prononcé par lui surtout, il savait en questionnant, il savait la saveur des voyelles, étoiles dans les mots.

A ces moments-là – des rencontres étonnées - il laissait aller la poésie au point qu’elle soit une exagération magnifique, la source et le torrent, ce qu’en Algorie on traduit, on image par le bras. Ça le fait exister Arthur, sans personne, alors que sa mère la Rimb’ – toujours tête de loup dans son cou - avait clos de longtemps l’accès aux rêves. Pourtant c’est là qu’il demeure et respire à jamais dans la tension d’un arc qui ne tremble pas.

Abracadabra !

Abracadabra !

S’il s’éveillait il se frotterait les yeux jusqu’au remue-ménage des étoiles dans le ciel noir de sa tête. Puis il irait vendre des armes, et pensant à sa mère il dirait :

« Qu’elle voit ! Si seulement elle voyait ? »